Le gouvernement avait fièrement annoncé le 25 septembre dernier une baisse du chômage sans précédent depuis 2011 : 50 000
chômeurs en moins au mois d’août ! Un bon résultat pour le moins inattendu vu le contexte économique particulièrement défavorable : baisse d’activité des entreprises, plans de licenciement qui
continuent de se multiplier…
Michel Sapin, ministre du Travail s’est dit prudent mais était quand même content de pouvoir dire que « ces résultats positifs du mois d’août justifient la
politique conduite depuis un an »
Comme le dit Hubert Dechanoz sur le site Union
républicaine, « cette baisse du chômage dans un tel contexte correspondrait à annoncer la décrue d’un fleuve en pleine fonte des neiges. » !
De fait, les doutes sont très vite confirmés. Pôle emploi publie une note explicative assortie d’un avertissement prudent : la baisse
vient avant tout des milliers d’inscrits à Pôle Emploi qui ont été radiés des listes au cours du mois : 277.500 chômeurs désinscrits, 77.500 de plus qu’en juillet dernier et qu’en
août 2012 !
Vous faites partie des « Radiés de Pôle Emploi » du mois d’août ? Vous pouvez apporter votre témoignage au groupe Facebook créé pour l’occasion !
Les vrais chiffres à retenir sont moins reluisants : en août le chômage a augmenté de 6,7% sur un an ; et il y a 5 millions de chômeurs en France.
Alors, comment comprendre cette explosion du nombre de désinscrits de Pôle emploi ? Les contribuables ne sont pas nés de la dernière pluie et sauront choisir la
meilleure réponse :
Les chiffres du chômage en baisse ont pour origine :
1) un bug informatique ?
2) les emplois saisonniers qui augmentent toujours au mois d’août ?
3)les emplois aidés bidons de Hollande payés par le contribuable ?
« Un bug » ? On accuse Pôle emploi qui accuse SFR… qui dédouane les autorités publiques.
C’est l’explication massivement avancée par les médias.
C’est la faute à Pôle Emploi… qui accuse à son tour SFR : un bug a affecté les SMS et les messages de relance envoyés aux chômeurs par SFR pour leur rappeler
qu’ils doivent actualiser leur situation sur le site de Pôle Emploi et ainsi rester sur les listes.
Bien sûr, SFR s’est empressé de faire son mea culpa, endossant la responsabilité du couac : « Cet incident a d’ores et déjà été résolu et une enquête
approfondie a été ouverte avec Pôle emploi pour renforcer le contrôle qualité de cette procédure afin que ce type d’incident ne se reproduise pas à l’avenir. »
Quel dévouement, de la part d’une entreprise oligopolistique pour le pseudo service public ! Merci SFR…
Sauf que : Pôle emploi estime que 32 000 à 41 000 personnes n’auraient pas reçu les sms de SFR. Cela ne suffit donc pas à expliquer les 77 500 désinscriptions
supplémentaires par rapport à la moyenne mensuelle du nombre habituel de désinscriptions (sur un total de 277 500 qui n’ont pas actualisé leur statut).
Et puis : « Il est rare que les demandeurs d’emploi indemnisés oublient d’actualiser leur situation, puisque leur indemnisation en dépend », comme le
fait remarquer Hubert Larney, responsable du département Médias et Web
à Pôle emploi.
Emplois saisonniers ? Petits débrouillards ?
Le chômage des jeunes aurait tout particulièrement baissé : -3,6% pour les moins de 25 ans en ce mois d’août !
Pour expliquer ce petit miracle, on a timidement avancé le fait que tous les ans, les jobs d’été font baisser les chiffres du chômage en juillet-août. Mais cela
ne tient pas, puisque les chiffres tiennent compte de ce que les spécialistes appellent « la correction des données saisonnières » (CVS) qui, justement, « neutralisent » les
effets des saisons.
Le taux de chômage des seniors, également, se serait stabilisé. Et quand on sait que même Mme Ayrault a trouvé un job et a dû embaucher un conseiller en
communication, on se dit que sûrement, l’emploi des seniors s’améliore…. ou pas.
Emplois bidons, aidés, « d’avenir »
Une façon séduisante de faire baisser provisoirement les chiffres du chômage, c’est d’embaucher de nouveaux fonctionnaires et ouvrir de nouveaux postes
ultra-subventionnés par l’argent public.
Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve l’a annoncé on ne peut plus clairement lors de la présentation du budget 2014 : le gouvernement prévoit de financer 340.000 contrats non marchands auxquels
s’ajoutent 150.000 emplois d’avenir et 100.000 contrats de génération, le tout pour une dépense de 4 milliards d’euros en 2014
Contribuables Associés ne cesse de le redire : les contrats aidés ne sont que de la poudre aux yeux, et coûtent cher aux contribuables. En 2014, c’est nous qui paieront la note, de plusieurs
milliards d’euros.
Les emplois d’avenir n’ont plus d’avenir. Les
politiques ont usé et abusé de cette politique qui a prouvé son inefficacité.
Nicolas Doze l’exprime avec sa clarté habituelle : on a aujourd’hui les résultats non d’une politique de l’emploi mais d’une politique sociale
démagogique.
Au lieu de bidouiller des chiffres, et si on favorisait les vraies créations d’emplois ?
Alors, à quand le courage politique ?…
Pour l’instant, on n’est guère optimiste malheureusement : ce gouvernement continue d’afficher un optimisme indécrottable, d’autant plus qu’il ne prend pas les
moyens qui s’imposent pour baisser vraiment le chômage.
Tandis que l’Unedic table sur un nombre d’inscrits à Pôle emploi en hausse en 2014, le ministre du Travail, Michel Sapin, parie sur des départs en retraite
supérieurs aux prévisions : le nombre de « ceux qui veulent profiter du décret 60 ans ne cesse d’augmenter », cela « peut libérer un certain nombre de postes », a-t-il expliqué en ajoutant que « la reprise forte de
l’activité se fera sentir quelque part au milieu de 2014″.
Et si, au lieu d’espérer une miraculeuse reprise dans ce pays étouffé et paralysé, on envisageait plutôt de baisser les impôts et charges qui pèsent sur les
entrepreneurs et les familles ? C’est-à-dire baisser les dépenses publiques ?! Il n’y a pas d’autres moyens de faire réellement baisser le chômage et repartir l’activité économique !
http://www.contribuables.org/2013/10/02/chiffres-du-chomage-on-y-croit-un-peu-beaucoup-pas-du-tout/